CAMBODGE : SOMMAIRE

Novembre 2011

  • Koh Rong: one step beyond
  • De Kampot a Koh Rong: il est fier mon navire, il est beau mon bateau
  • Les Khmers Rouges: l'insoutenable legerete de certains etres
  • De Phnom Penh a Kampot: on dirait le sud...
  • Ka-aah ka-aay bone khoop Manu!
  • Balade sur l'ile de Koh Dach
  • Village flottant sur le Tonle Sap
  • Visite de courtoisie a la famille
  • Realpolitik
  • Angkor et Angkor...

 

Koh Rong: one step beyond

 

- "Tu es heureux d'avoir pris une pause carriere?"

 

Je leve les yeux, qui s'attardaient sur un petit crabe immacule jouant avec les vagues, et je les pose sur le spectacle peu commun qui nous entoure: plage de sable blanc, peuplee quasi-exclusivement de crabes et de cocotiers, mer d'un bleu aussi accueillant que translucide, ciel genereux et soleil peu farouche. Et ce crabe croustillant que je verrais bien finir dans notre assiette. La reponse s'impose d'elle meme.

 

Enfin, jugez plutot par vous-meme...

 

 

Notre bungalow sur la plage...
Notre bungalow sur la plage...

 

 

Le soir, c'est pas mal aussi.
Le soir, c'est pas mal aussi.

 

 

Vue depuis le balcon de la propriete.
Vue depuis le balcon de la propriete.

 

 

 

 

Collection hiver 2011 - Existe aussi en taille adulte.
Collection hiver 2011 - Existe aussi en taille adulte.

 

 

De Kampot a Koh Rong: il est fier mon navire, il est beau mon bateau

 

Nous pensions, apres quelques temps passes au Cambodge, que le moyen de transport le plus dangereux sous ces latitudes etait la moto. Pas la moto que l'on peut louer et conduire par soi-meme. En effet, dans ce cas la, generalement, on a une forme de controle (illusoire?) de la situation, une cylindree raisonnable, un casque pas trop fendu, un permis de conduire (qui date un peu, certes) et une once de prudence. Cela ne premunit bien entendu pas contre un petit accident occasionnel, mais cela reste relativement sur.

 

Non, nous pensions plutot aux motos-taxis, qui pullulent dans la region. Elles ont le grand avantage d'etre nombreuses, disponibles relativement tard et, surtout, tres bon marche (on se rend vite compte que le tuck-tuck est un attrape-touriste). Ou est le probleme, des lors? Et bien, dans une ville congestionnee par le trafic automotovelopedoanimobile, ou les termes "code de la route" sont des concepts fluctuants (tant le terme code que le terme route), se faufiler un passage dans un dedale de metal, sans casques et a 3 sur la moto, peut parfois donner quelques sueurs froides.

 

Ca, c'etait avant d'avoir essayer de prendre un bateau...

 

Ayant quitte Kampot pour Sihanoukville, notre intention premiere etait de nous rendre sur une ile peu frequentee au large de Sihanoukville. Petit inconvenient: nous avons constate a notre arrivee que la ligne de ferry qui etait renseignee par les guides de voyage n'existait plus. Plutot une bonne nouvelle a priori (l'ile sera probablement moins affectee par le tourisme), mais qui devint rapidement problematique: la seule possiblite de s'y rendre est de prendre un grand bateau-pirogue (Virginie prefere le terme denigrant de barquette), a priori peu qualifie pour la haute mer, mais utilise par les locaux. Si les locaux le font, pourquoi pas nous? Aussi tot pense, aussi tot installes a fond de cale de notre fier destrier (serres les uns contre les autres, on a un peu l'impression d'etre des candidats a l'exil qui vont traverser le detroit de Gibraltar).

 

Le soleil brille, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, nous nous elancons dans la baie quand... le ciel se couvre et en quelques instants se dechire en trombes d'eau venteuses. L'angoisse monte d'un cran: le bateau/raffiot resistera-t-il a une tempete en pleine mer? Nous argumentons sur la reponse appropriee, l'angoisse montant d'un cran a chaque vague surmontee lorsque... le capitaine decide de faire demi-tour. Nous n'avions pas encore quitte la baie. Pas tres sur de lui le capitaine Achab local...

 

Peu rassures a fond de cale, nous attendons agglutines aux autres voyageurs, que l'orage passe. Quand le temps se calme, aussi soudainement qu'il a rugit, Virginie invoque, outre le fait que la future epave n'est pas munie de radio ni de GPS, sa Maman: on ne peut pas lui faire ca. Lui faire quoi? Disparaitre en mer sans laisser de nouvelles. C'est trop desagreable pour ceux qui se poseront peut-etre la question de savoir pourquoi nous laisssons le blog en desherence pour une si longue periode. J'avance que les lecteurs doivent etre aussi nombreux que ceux de la revue internationale des hexometres spondaiques, mais ca ne convainc pas.

 

Sur cet argument decisif, nous avisons le commandant de bord pret a repartir que nous ne pousuivrons pas le voyage a bord de son zero mat fin comme un oiseau, hissez haut.

 

Nous debarquons piteusement et nous dirigeons donc vers le port des ferrys encore en activite.

 

Grand bien nous pris, car cela nous a permis de decouvrir l'une des plus belles choses que nous ayons eu le plaisir de voir jusqu'ici: la fabuleuse ile de Koh Rong. Dont nous vous proposerons quelques photos d'ici peu.

 

Tout vient a point a qui sait attendre, parait-il...

 

 

Ce qui aurait pu etre notre dernier photo: notre vaisseau quittant le port sous un ciel menacant.
Ce qui aurait pu etre notre dernier photo: notre vaisseau quittant le port sous un ciel menacant.

 

 

La photo suivante, ou le sourire n'est que de facade (et derrier la facade, beaucoup d'angoisse et la Maman de Virginie).
La photo suivante, ou le sourire n'est que de facade (et derrier la facade, beaucoup d'angoisse et la Maman de Virginie).

 

 

On a change de bateau. La difference est flagrante, non?
On a change de bateau. La difference est flagrante, non?

 

 

Les Khmers Rouges: l'insoutenable legerete de certains etres.

 

Quand on evoque le Cambodge, deux choses viennent en general a l'esprit: Angkor et les Khmers Rouges. Comme nous l'avons deja evoque, nous avons eu le plaisir de visiter les temples d'Angkor. Il nous restait donc, pour etre complets, a visiter les temples Khmers Rouges, que sont la prison/centre de torture S-21 de Tuol Sleng et les charniers/camp d'extermination de Choeung Ek, ce que nous avons fait lors de notre passage a Phnom Penh. Mais seulement apres un moment de reflexion.

 

Pourquoi cette valse hesitation? La question de savoir s'il convient de visiter ou non un camp d'extermination est plus complexe qu'il ne pourrait paraitre au premier abord. En effet, s'il convient evidemment de sauvegarder ce type de lieu, d'en faire des endroits qui maintiennent vivace la memoire du niveau d'atrocite que peuvent atteindre les etres humains, ce qui est proprement hallucinant dans le cas du regime KR, il est plus discutable de les voir se transformer en attractions touristiques. Comment supporter que l'on puisse vendre des glaces dans un camp d'extermination, de voir des touristes se faire prendre en photos devant des lieux de torture ou tant de personnes ont perdu la vie dans d'insondables souffrances (7 survivants sur plus ou moins 17000 detenus), de voir ce qui devrait etre un lieu ou la gravite s'impose d'elle meme devenir une forme de parc d'attraction?

 

Questions delicates, particulierement dans un pays ou les cicatrices sont encore fraiches, ou les frontieres entre victimes et bourreaux etaient floues (on passait souvent d'un statut a l'autre. Mais toujours dans le meme sens, bien sur), ou la population doit trouver des moyens de subsistance la ou ils se trouvent (donc aussi dans la poche des occidentaux).

 

Bref, nous avons decide de nous y rendre, le regime KR ayant amene l'Humanite a depasser des limites rarement franchies de par le passe, ce qui le rend aussi fascinant qu'abject. Par contre, nous nous sommes abstenus de prendre des photos: si les limites de la decence ne sont pas faciles a dessiner, nous avons pense que cela devait figurer au-dela de cette barriere.

 

Nous avons egalement souhaite poursuivre la tentative de comprehension du phenomene en assistant au proces de certains des plus hauts dirigeants du regime KR toujours en vie, en jugement pour le moment devant un tribunal mixte (tribunal hybride, national et international). En effet, l'histoire du Cambodge est tres complexe, ce dernier ayant longtemps ete un terrain de jeu pour les grandes puissances internationales (Etats-Unis et Chine principalement, apres la France et les puissances europeennes) et les puissances regionales (Thailande d'un cote, Vietnam de l'autre), defendant des interets tantot communs, tantot antagonistes, mais la plupart du temps au detriment des cambodgiens. Les KR, dans ce grand "terrain de jeu" ont ete soutenus de la maniere la plus cynique possible, alternativement par les uns puis par les autres (c'est ce qu'on appelle la geopolitique).

 

Bref, il aurait ete interessant d'entendre les principaux acteurs de l'epoque sur leur vision des choses et de, peut-etre, tenter de comprendre l'incomprehensible.

 

Il n'en a rien ete: nous n'avons pas pu avoir acces au tribunal... Partie remise? 

 

 

De Phnom Penh a Kampot: on dirait le sud...

 

Apres un séjour prolonge dans la capitale khmere, le besoin s'est fait sentir de regagner les vertes campagnes et, surtout, en bons citoyens du plat pays, d'aller faire un petit tour a la cote (manger des moules et puis des frites, des frites et puis des moules, et du vin de Moselle... euh, ça non, c'était pas possible. On ne peut pas tout avoir). Nous avons donc enfourche notre bus pour nous rendre sur la cote cambodgienne, plus précisément à Kampot. Et nous ne fumes pas déçus.

 


J'ai attrape une belle prise dans mes filets...
J'ai attrape une belle prise dans mes filets...

 

 

 

 

 

 

 

 

De Kampot, nous sommes montes un peu en altitude, visiter la ville fantôme de Bokor, ancienne station de villégiature des colons français. L'occasion de nous remémorer a quoi peuvent bien servir un pull et une paire de chaussures fermees. On oublie vite ce genre de choses…

 


Je ne crains plus personne en Suzuki 125 Hello Kitty...
Je ne crains plus personne en Suzuki 125 Hello Kitty...

 

 

 

 

 

 

Si nous n'avons eu ni moules, ni frites, ni vin de Moselle a Kampot, il n'en reste pas moins que la nourriture etait absolument succulente. Dans une soudaine poussee malrauxiste, Virginie a donc saute sur l'occasion pour voler quelques morceaux du patrimoine cambodgien. Dont, si vous avez de la chance, vous nous direz des nouvelles...

 

 

 

 

Ka-aah ka-aay bone khoop Manu!

 

Pour feter mon anniversaire, ma Douce et Tendre a eu l'heureuse initiative de m'offrir (entres autres) un petit sejour dans un hotel d'un certain standing, et meme d'un standing certain. Jusque la (et depuis lors), nous avons surtout loge dans des etablissements de basse categorie, peu onereux, mais qui ne manquent pas de splendeur (et quasiment jamais ceux renseignes par les guides de voyage). Une petite entorse dans le protocole donc, mais une entorse des plus raffinees. Et, il faut bien le reconnaitre, meme s'il laisse parfois un arriere gout dans la bouche lorsqu'il se pratique dans le tiers-monde, le luxe, avec parcimonie, ca a du bon. Et on en a bien profite...

 

 

 

 

Balade sur l'ile de Koh Dach

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chiens sont de belle taille sur cette ile.
Les chiens sont de belle taille sur cette ile.

 

 

 

 

 

 

Lors d’une agréable petite escapade bucolique sur l’île de Koh Dach, non loin de Phnom Penh, nous avons eu l occasion de constater que, ici, la chasse aux chômeurs n'a pas lieu d'être : les personnes âgées ne chôment pas en attendant sagement leur pension, ils vont eux même cueillir leur maigre pitance aux sommets des cocotiers (une petite idée antisociale pour renouer les liens entre PS et MR?).

 

Toutefois, voyant cet ancien en difficulté, ahaner pour atteindre sa noix de coco, je n'écoutai que mon courage a deux mains et lui proposai les services de mon mètre 88 pour atteindre son objectif, a savoir attraper sa noix de coco (et éviter ainsi qu'il ne se blesse et pèse sur la sécu). Une fois la noix de coco arrachee a son berceau, qu'elle ne fut pas notre surprise de voir l'amical kohdachien nous en faire généreusement cadeau! Tout espoir n'est donc pas perdu pour la vielle génération.

 


 

 

Si nous avons grandement apprecie le geste (et l'avons bien entendu fait savoir au plurijubilaire), nous etions tout de meme confrontes a un probleme de taille: une noix de coco, ca s'ouvre difficilement avec un canif. Nous avions plutot besoin d'un outillage plus consequent, type une machette. Heureusement, des "cailleras" trainaient dans le coin et, comme dans toute banlieue qui se respecte, ils etaient munis de l'outillage necessaire pour accueillir comme il se doit les cars de CRS locaux. Nous leur avons donc demande s'il pouvaient ouvrir ladite noix, ce qu'ils accepterent chaleureusement. Tout espoir n'est donc pas perdu pour la jeune generation. 

 

 

 

 

 

Village flottant sur le Tonle Sap

 

La crise du logement peut parfois rendre inventif...

 

 

 

 

Visite de courtoisie a la famille

 

 

 

 

 

 

Realpolitik

 

 

 

Accoste par deux ecoliers cambodgiens en rase campagne, j'ai voulu saisir a pleines mains l' occasion qui se presentait ainsi a moi et je n'ai pas tarde a sortir ma bible, afin de tenter de leur inculquer quelques unes des valeurs occidentales les plus fondamentales (toujours demander a une femme de chambre son consentement avant d'avoir avec elle une relation inappropriee, l'apprentissage des droits de l'Homme passe beaucoup mieux lorsqu'il l'est par des F16, voire des armes d'apparats de la FN Herstal, etc.).

 

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, leur ayant revele etre originaire du meme pays que le prince Philippe, ceux-ci m'assaillirent de questions plus pertinentes les unes que les autres: "Ecolo a-t-il eu raison de marquer sa solidarite avec Groen?", "Le renouveau socialiste a Charleroi n'est-il pas qu'un feu de paille?", "Est-ce que vous avez deja vu Michel Daerden en vrai? Voire meme avoir eu la chance de le toucher?" (il est tres venere dans certaines provinces du Cambodge, parait-il), "Plus de 500 jours, est-ce bien raisonnable?"...

 

Ces derniers m'ayant assure que la residaient les vraies questions qui taraudent les campagnes cambodgiennes, j'ai fait de mon mieux pour essayer d'y apporter une modeste reponse, aussi breve que laconique, parce qu'on etait en plein soleil par 40 degres.

 

C'est alors qu'il me poserent une veritable colle: "Pourquoi ne pas appliquer la tres sous-estimee methode Pol Pot a Bruxelles et sa peripherie?" Mais c'est bien sur! Comment ne pas y avoir pense plus tot? Pour rappel aux personnes qui ne lisaient pas le Phnom Penh Times en 1975, a leur arrivee au pouvoir, les Khmers Rouges ont decide de vider completement les villes de leurs habitants afin de les envoyer travailler dans les champs dans un louable autant qu'indispensable objectif de reeducation politique. C'est ainsi que Phnom Penh, ville d'un million d'habitants a l'epoque (grosso modo la taille de Bruxelles, vous me suivez), fut videe en quelque heures de tous ses habitants, hommes, femmes, enfants, viellards, malades, tous contraints a une marche forcee a laquelle peu survecurent.

 

Voila sans doute une solution a la problematique qui empoisonne la vie politique belge depuis si longtemps. "Mais, leur retorquais-je, depuis la retraite de Willy Burgeon suite a son escapade nord-coreenne, qui pourrait porter une telle revendication sur notre sol?" "Il nous semble, repondirent-ils en choeur, que le plus a meme pour ce faire serait Laurent Louis, l'homme qui porte avec tant de brio les revendications les plus innovantes concernant, entre autres, l'instauration du permis parental, la limitation des naissances pour les chomeurs, "le nettoyage des racailles a Nivelles", etc.".

 

Je ne pouvais que m'incliner face a tant de perspicacite. Constatant alors mon abassourdissement, ils me proposerent d'assister avec eux a une seance de theatre proletarien en plein air. J'ai decline.

 

 

Angkor et Angkor...

 

 

 

 

 

Ferus d'Histoire et de vielles pierres, nous avons eu la chance, au cours de nos divers voyages, de nous lancer sur les traces laissees par quelques unes des civilisations florissantes aujourd'hui disparues, de Rome a Grenade, de Damas a Mexico, de Tokyo a Delhi (il nous reste a faire le pelerinage de l'Yser et on aura pratiquement fait le tour).

 

Nous ne pouvions decemment pas, dans ces conditions, passer a cote d'un morceau non negligeable de l'Histoire de l'Humanite, a savoir les temples d'Angkor, temoignage gigantesque de la magnificence (et probablement de la barbarie consubstantielle a toute oeuvre imperialiste) que connu un jour l'empire khmer (plus ou moins 9eme-13eme siecles).

 

Le site fut "redecouvert" (les khmers, eux, ne l'avaient jamais oublie et n'avaient donc pas besoin de le decouvrir) par les explorateurs-colons (l'un va rarement sans l'autre, malheureusement) francais au 19eme siecle, ce qui travailla profondement l'imaginaire occidental (au point de susciter des vocations d'explorateurs-pilleurs (l'un va rarement sans l'autre, malheureusement), dont le plus celebre fut sans doute Andre Malraux, (excellent) ecrivain et futur ministre reactionnaire (il fut traduit en justice, mais il avait des relations. La justice est rarement juste, air connu)). Il faut bien admettre que le site est epoustouflant, particulierement dans les temples ou la nature a partiellement repris ses droits, sans aucun respect pour le caractere sacre des lieux (tout fout le camp).

 

Et comme nous etions, comme tous nos freres touristes, dotes d'un appareil photographique, voici une petite idee de ce a quoi ca peut ressembler (il est evident que la modestie de celles-ci implique necessairement que vous veniez constater par vous-memes sur place la magie que recelent ces lieux).