Avant le plat de resistance, voici des petits zakouskis, fruits de la delectable visite de Karin et Bernard (en effet, pour eviter l'indigestion, il est preferable de consommer ce blog avec parcimonie. De rien). Ne vous etonnez pas si ceux-ci sont pimentes d'une touche emiratie, c'est pour relever l'improbable Mandalay-Dubai connexion... Et comme c'est une experience sensorielle, mettez le son! Bon appetit:
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Arriver a Rangoon depuis Bangkok donne l'impression d'avoir effectue un important bond spatio-temporel, tant les differences entre Myanmar et Thailande sont marquees: batiments decatis, vehicules vetustes datant apparemment de l'ere precolombienne, routes et trottoirs defonces, acces erratique a la technologie, etc. Par contre, un point commun bienvenu avec la Thailande est que la population est tres cordiale et, meme plus, semble avide de contacts avec les modestes representants du premier monde que nous sommes.
Si l'on ajoute a cela la mode du longyi (piece vestimentaire traditionnelle portee tant par les hommes que par les femmes) et celle de la mastication des noix de betel (plante tres prisee des myanmariens, qu'ils consomment sous forme de tabac a macher et dont les crachats donnent une tres esthetique teinte rougeatre aux trottoirs et machoires de ses consommateurs), toutes deux tres pregnantes, cela donne a cette ville un charme surranne aussi avenant qu'attachant.
Au Myanmar, l'austerite, on connait deja. Certaines activites sont de ce fait collectivisees. Un avant-gout (pas desagreable, sauf pour changer de chaine) de ce qui nous attend?
Autre particularite myanmaroise: chaque montagne, chaque colline, chaque butte, jusqu'au moindre petit monticule qui traine nonchalamment dans la vallee, est sacre et est donc recouvert d'un autre monticule, sacre lui aussi: une stupa doree. Par soucis d'economie de votre et de notre temps, nous ne vous en presenterons qu'une, la plus grande, la plus reveree, la plus visitee et la plus riche (comportant des parties en or et pierres precieuses): la Shwedagon.
Qui dit lieu sacre dit fideles, dit representants ecclesiastiques, dit aussi proselytisme. Fort heureusement cet attachant moine a eu le bon gout de s'en abstenir (comme d'ailleurs de tout attouchement) et la discussion fut tres enrichissante (du moins pour nous (on a notamment appris que les moines de ces contrees ne font ni biere ni fromage... Mais a quoi servent-ils alors?)). Il a du avoir l'intuition, plutot judicieuse, que nous n'etions pas encore prets a nous lever tous les jours a 4h du matin pour mediter une grande partie de la journee en faisant voeux de chastete et d'abstinence de tous les vices qui donnent a la vie un peu de son piment. Il ira loin.
Autre lieu incontournable de ces contrees dorees, le Kyaiktiyo (mieux connu (ou pas) sous le nom de Rocher d'or), qui consiste, comme son nom l'indique, en un rocher en or (il ne se sont pas foules sur ce coup la). Mais, astuce des dieux locaux, celui-ci est (vaguement) suspendu au-dessus du vide. Ce qui lui vaut une celebrite mondiale et un afflux ininterrompu de pelerins (en attendant le prochain tsunami de touristes qui ne saurait tarder si l'embellie politique se confirme).
Pour tout dire, ce site ne nous a pas particulierement subjugue. Contrairement aux fideles myanmaris, peu avare en salamalecs...
...et genereuses donations...
En realite, ce qui nous a vraiment plu lors de cette excursion, c'est (comme de juste) moins la destination que le periple pour l'atteindre: si le site en tant que tel ne nous a pas epate, la route pour y arriver bien. Elle consistait a s'entasser avec une quarantaine d'autres personnes dans la benne d'un camion de chantier, a charge pour celui-ci de proceder a une partie de l'ascension, franchement cahotique et folklorique...
L'ascension motorisee nous aura procure plus de plaisir que l'ascension spirituelle. Mecreants que nous sommes.
La Shwedagon et le Rocher d'or ne sont pas les seuls elements faisant l'objet d'une sacralisation saisissante. Autre figure iconique, omnipresente sur les t-shirts, journeaux, vehicules et autres posters: Aung San Suu Kyi.
L'egerie de la revolution/des elections est omnipresente, dans les bouches et dans les coeurs myanmarais, elle jouit d'un soutien sans faille et fonde de nombreux espoirs. Et, encore impensable il y a quelques mois, il est possible d'en parler sans risquer de tater des geoles locales.
Bientot les elections... (au grand dam de la SA Total (itaire) et de Bernard Kouchner, soutiens assumes du regime).
Desireux d'apporter une contribution pour remercier les myanmarains de leur accueil, je cedai aux nombreuses sollicitations du peuple qui desirait admirer le jeu de jambe le plus celebre de Jumet-Heigne, qui (n')a (jamais) fait fureur sur les terrains de la Wallonie profonde. Dont acte (vous noterez que j'ai eu soin de bien choisir mes adversaires: en fonction de leur taille).
Bon, je dois avouer qu'ils se sont bien debrouilles, les gamins des rues de Rangoon. Mais ils ont un avantage sur moi (outre la condition physique, le dribble, la passe et le shoot): l'habitude de jouer a pieds nu dans les cailloux. Concurrence deloyale.
La ligne ferroviaire entre Hsipaw et Pyin U Lwin est un heritage des colons britanniques, qui visiblement savaient y faire en matiere de voies ferrees (comme d'esclavage), puisque leur ouvrage est toujours en service une centaine d'annees plus tard (les esclaves pas, par contre).
L'occasion de prendre le pouls d'un Myanmar hors des sentiers battus.
On fait les malins, on fait les malins, jusqu'a ce qu'arrive ca...
Le viaduc de Gok-Teik, le plus haut pont du Myanmar et, lorsqu'il fut construit, du monde (depasse depuis par le viaduc de Vilvoorde).
On a pu traverser sans encombres. Merci les colons (enfin, surtout les esclaves).
Nous avons ensuite eu l'immense plaisir de retrouver Karin et Bernard qui, daignant interrompre leur tournee mondiale les menant de Dubai a Vilnius, ont fait un petit arret a Mandalay pour nous rendre visite et elever notre niveau intellectuel (ils nous ont amene "L'Equipe", "La Nouvelle Gazette de Charleroi", le "Financial Times", "La Capitale", entre autres torchons).
L'un de nos grands merites fut de les convaincre de delaisser quelque temps la bicyclette, au profit d'un equivalent motorise.
Le sentiment du devoir accompli, nous pumes nous mettre en route pour le site mythique de Bagan, cette fois par voie fluviale (il fallait bien trouver un compromis).
Et nous arrivames au prodigieux royaume de Bagan...
Bagan, ancienne capitale imperiale birmane, est constituee d'une multitude de temples, sanctuaires, de formes et de tailles diverses, eparpilles dans une vaste plaine. Un peu comme si un geant facetieux avait eu l'idee saugrenue de semer a grandes poignees des graines un peu particulieres, qui auraient donne naissance a ce veritable champ de temples, majestueux ou rabougris, dores ou en ruine, vastes ou etriques.
Ils ont tout de meme reussi a nous convaincre des bienfaits de la bicyclette...
La famille aux 30 millions d'amis...
De Bagan, nous sommes passes au lac Inle, celebre pour ses villages lacustres ainsi que pour la technique de propulsion a la rame utilisee par les pecheurs, unique au monde.
Un marche lacustre (pour changer un peu...).
Le pont U Bein, le pont en teck le plus long du monde (pas encore detrone par le viaduc de Vilvoorde).
Quelques visages qui illuminent les routes birmanes...
Bonne route et, on l'espere, a bientot.